Établir des relations à long terme avec les partenaires autochtones dans le secteur de l’énergie

Par Monika Eby|4 septembre 2024

Le secteur de l’énergie, comme de nombreuses industries partout au Canada, cherche des moyens de répondre aux 94 appels à l’action lancés par la la Commission de vérité et réconciliation dans le but de contrer les répercussions à long terme des mauvais traitements et de l’endoctrinement qu’ont subi les enfants autochtones dans les pensionnats religieux parrainés par le gouvernement entre les années 1800 et la fin des années 1900.

La Commission de vérité et réconciliation a été créée en 2008 pour documenter ces injustices. En 2015, elle a publié ses appels à l’action afin qu’ils servent de cadre de réconciliation dans de nombreux domaines, y compris l’éducation, la création d’emplois, les services essentiels, le logement et les soins de santé.

L’appel à l’action 92 s’adresse spécifiquement aux entreprises et industries canadiennes, les exhortant à faire progresser la réconciliation économique avec les peuples autochtones.

Cela étant dit, comment doit-on s’y prendre?

Bien qu’il n’y ait pas de réponse unique, le secteur de l’énergie est bien placé pour se conformer à l’appel à l’action 92 en offrant aux communautés autochtones un accès équitable à des emplois, à de la formation et à des possibilités d’éducation.

Approche autochtone

À l’heure actuelle, l’un des plus grands problèmes du secteur de l’énergie est l’absence d’une chaîne d’approvisionnement établie pour soutenir la transition vers la carboneutralité, particulièrement dans le contexte de l’augmentation prévue du déploiement de l’énergie nucléaire. Après des années de statu quo au sein de l’industrie nucléaire au Canada, les chaînes d’approvisionnement se sont développées pour soutenir la technologie des réacteurs CANDU, mais n’ont pas suivi le rythme de la croissance et des progrès récents liés aux petits réacteurs modulaires (PRM). En réponse à cette situation, le gouvernement du Canada a lancé, en décembre 2020, le Plan d’action sur les PRM, qui comprenait l’appel à une mobilisation significative des organisations autochtones qui, espérons-le, donnera lieu à des partenariats d’affaires entre les entités autochtones et non autochtones de cette industrie.

Un nombre important de projets énergétiques concernent des terres ou des intérêts autochtones. Le fait de faire participer les Autochtones à l’élaboration du projet peut contribuer à améliorer l’efficacité de la mobilisation des parties prenantes autochtones et à faire en sorte que les projets énergétiques dont nous avons grandement besoin puissent progresser d’une manière qui servira collectivement les intérêts de tous les Canadiens.

Pour que la réconciliation soit significative, les entreprises appartenant à des Autochtones doivent exercer un plus grand contrôle sur les activités de développement économique dans leurs territoires. Elles doivent aussi avoir accès à plus de possibilités d’éducation et de formation menant à des emplois dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Le Conference Board du Canada rapporte que même si 4 % des adultes canadiens sont autochtones, moins de 2 % des personnes occupant des emplois en STIM sont autochtones1.

S’associer pour réussir

Les entreprises appartenant à des Autochtones qui forment des partenariats mutuellement avantageux avec des organisations non autochtones ayant des capacités complémentaires peuvent servir d’environnement favorable au renforcement des capacités qui répondront, ultimement, aux besoins de la transition vers une énergie propre.

Selon un rapport intitulé « The New Reality » (La nouvelle réalité) sur le site Web de Clean Energy Canada2, une hausse imminente de la demande de main-d’œuvre devrait accompagner les efforts du Canada pour passer à un environnement énergétique carboneutre. Comme les emplois dans le secteur de l’énergie propre devraient atteindre près de 640 000 emplois d’ici 2030, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2020, il y aura d’importantes possibilités de carrière dans les domaines techniques. De plus, avec l’adoption de la Loi sur le développement durable en vertu du projet de loi C-50 du Canada3, qui accorde la priorité à la diversité et à l’inclusion de la main-d’œuvre carboneutre, il devrait y avoir des occasions claires d’attirer un plus grand nombre de travailleurs autochtones dans le secteur de l’énergie.

De plus, le gouvernement canadien a renforcé son engagement à l’égard du soutien aux Autochtones en exigeant des ministères et organismes fédéraux qu’ils veillent à ce qu’au moins 5 % des contrats fédéraux soient détenus par des fournisseurs autochtones.

Tous ces éléments offrent des occasions de partenariats significatifs entre des entités autochtones et non autochtones dans le domaine nucléaire et le secteur de l’énergie en général. Des partenariats qui augmentent la participation des Autochtones au marché du travail et leur donnent une voix dans le processus décisionnel en ce qui concerne les répercussions que les projets peuvent avoir sur leurs communautés.

À l’appui de la réconciliation avec les Autochtones et de l’autodétermination économique, les alliances entre une entreprise établie et une entreprise autochtone prometteuse peuvent procurer de nombreux avantages aux communautés autochtones, notamment :

  • Servir d’incubateur pour accroître la participation dans le secteur de l’énergie
  • Favoriser l’accès à de plus grandes possibilités de croissance économique
  • Augmenter le bassin de main-d’œuvre et la chaîne d’approvisionnement au Canada
  • Accroître les possibilités d’éducation pour les jeunes (surtout dans les domaines des STIM)

Regard vers l’avenir

La promotion des partenariats entre les entités autochtones et non autochtones peut aider à renforcer considérablement la capacité au Canada de soutenir l’énergie propre tout en répondant aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.4.

Le monde a entrepris une transition vers l’énergie propre, et compte tenu de la capacité technique de notre main-d’œuvre, de notre réglementation exemplaire et de notre excellente chaîne d’approvisionnement nationale, le Canada est bien placé pour être un chef de file de l’industrie nucléaire mondiale. Toutefois, si le Canada omet d’offrir des occasions de mobiliser les peuples autochtones pour faire progresser les projets nucléaires, exploiter et entretenir les actifs et gérer les déchets, il ratera une occasion de tirer pleinement parti de ses ressources dans sa poursuite de la carboneutralité, et risque de perdre sa position de chef de file en tant que pays producteur d’énergie nucléaire à l’échelle mondiale.

Ressources communes

Hatch a constaté l’intérêt croissant de ses clients à s’assurer de travailler avec des firmes d’ingénierie qui partagent les mêmes valeurs et qui cherchent à collaborer avec les communautés et entreprises autochtones.

À l’heure actuelle, nous établissons une coentreprise avec le North Shore Mi’kmaq Tribal Council (NSMTC), l’une des organisations autochtones participant au plan d’action sur les PRM.

La stratégie à long terme consiste à ce que la NSMTC puisse tirer parti de ses liens avec les Premières Nations membres et de la position bien établie de Hatch en tant que fournisseur de services professionnels dans l’industrie nucléaire. Ce faisant, la coentreprise servira de lien important entre les talents sous-utilisés dans le bassin de main-d’œuvre autochtone et la chaîne d’approvisionnement nucléaire qui sera bientôt en pénurie de main-d’œuvre au Canada.

Dans l’ensemble, l’objectif est de faire de la coentreprise une entreprise entièrement détenue par des Autochtones et dotée de personnel autochtone dans un délai de 10 ans. La coentreprise a l’intention de cibler les projets de développement de l’énergie, des ressources et des infrastructures et vise à offrir une valeur importante aux promoteurs en combinant l’expertise technique aux connaissances et à l’expérience autochtones.

Références

    [1] Conference Board du Canada, « Comment un plus grand nombre d’Autochtones peuvent-ils accéder à des carrières en STIM? », 2024

    [2] La nouvelle réalité - Clean Energy Canada

    [3] La Loi canadienne sur l’emploi durable est adoptée - Canada.ca

    [4] Donner suite aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (rcaanc-cirnac.gc.ca)

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