La sécurité est primordiale pour les véhicules autonomes.
Au cours des prochaines décennies, les véhicules dotés d’une fonction de conduite automatisée, ou « véhicules autonomes » (VA), changeront considérablement notre façon de transporter et de livrer les marchandises, de planifier et de concevoir certaines parties des villes, d’utiliser les transports en commun et de voyager.
Les scientifiques et les ingénieurs ont consacré beaucoup de recherches et de ressources au développement des VA. Ces véhicules devraient être plus sécuritaires, plus rapides et plus écoénergétiques. Cependant, les décideurs et les gouvernements n’ont pas encore consacré d’efforts comparables à la réglementation des VA, ce qui signifie que des questions cruciales restent sans réponse, comme qui sera responsable dans les cas inévitables de collision. Qui doit en assumer la responsabilité?
Il n’y a toujours pas de véhicules entièrement autonomes sur les routes, et seuls quelques-uns d’entre eux offrent des fonctions approchant la « conduite autonome ». Ces quelques véhicules « autonomes » ne fonctionnent automatiquement que dans des conditions très précises, et la plupart exigent qu’un conducteur qualifié soit présent et prêt à prendre le contrôle instantanément. Cette personne demeure le conducteur légal et assume la responsabilité du fonctionnement du véhicule, comme le font les conducteurs de voitures conventionnelles. Cependant, à l’avenir, lorsque la technologie sera plus avancée, les VA n’auront peut-être aucun conducteur; ils seront peut-être vides ou ne contiendront que des passagers incapables de contrôler le véhicule. Dans de tels cas, qui assumera la responsabilité?
La réponse : les constructeurs automobiles. Cette obligation sera une norme que peuvent facilement respecter les forces de l’ordre, les enquêteurs sur les incidents et le grand public : si aucun être humain n’est responsable du véhicule, on se tourne vers le constructeur. Avant d’écarter l’idée, n’oubliez pas qu’au moins un constructeur automobile accepte déjà la responsabilité de son véhicule à conduite automatisée, mais avec certaines restrictions. Ce fabricant a suffisamment confiance en son produit pour en assumer la responsabilité, pourvu qu’il soit utilisé correctement. C’est une norme élevée, mais le public doit s’attendre à ce que tous les constructeurs fassent de même.
En toute honnêteté
À l’heure actuelle, les véhicules entièrement automatiques – qui se déplacent sans êtres humains ou seulement avec des passagers – n’existent pas, sauf dans des domaines très restreints (comme l’équipement pour les chantiers de construction les plus éloignés). Cela dit, de nombreux constructeurs proposent des fonctions d’aide à la conduite. Bien entendu, ces mesures doivent également être réglementées pour assurer la sécurité et déterminer la responsabilité.
La Society of American Engineers (SAE) distingue cinq niveaux de conduite autonome :
Niveau 0 : aucune automatisation – Conducteur entièrement responsable du contrôle du véhicule.
Niveau 1 : aide à la conduite – Le véhicule est équipé de certains systèmes automatisés, comme le régulateur de vitesse adaptatif, qui permet de conduire sans les pédales.
Niveau 2 : automatisation partielle – Le véhicule peut exécuter des manœuvres qui combinent la direction, l’accélération et le freinage. Le conducteur doit surveiller le véhicule.
Niveau 3 : automatisation conditionnelle – Le conducteur peut activer la conduite autonome dans des conditions précises (p. ex. route libre, journée, ensoleillement). Le conducteur doit tout de même prendre le contrôle si nécessaire.
Niveau 4 : automatisation élevée – Le véhicule peut prendre en charge toutes les fonctions habituelles de conduite dans des conditions précises et avertit le conducteur qu’un humain doit prendre le contrôle si les conditions ne sont pas remplies.
Niveau 5 : automatisation complète – Aucun conducteur requis.
Ces désignations sont utiles aux ingénieurs qui travaillent à améliorer les capacités du véhicule. Malheureusement, elles ne sont pas particulièrement utiles pour les organismes de réglementation qui cherchent à assurer la sécurité des routes et à pouvoir attribuer clairement la responsabilité. Les experts en véhicules autonomes de Hatch ont mis au point une typologie novatrice et unique qui est plus utile que ces niveaux pour les décideurs, les compagnies d’assurance et les organismes de réglementation. Cette typologie, qui distingue soigneusement tous les modes possibles de conduite automatisée du point de vue d’un régulateur, contribue grandement à l’avancement des VA.
Premières choses avant tout
Les véhicules entièrement automatisés qui peuvent amener une personne de sa maison de banlieue à son bureau au centre-ville ne verront probablement pas le jour avant 2050; les problèmes techniques à résoudre pour créer ces véhicules sont importants. Entre-temps, il est probable que l’industrie du camionnage prenne les devants et que les camions utilisant des systèmes de conduite automatisés pour transporter des marchandises seront disponibles bien avant les voitures entièrement automatisées.
Il est extrêmement difficile de mettre au point un véhicule capable de composer avec les routes achalandées des centres-villes où les mouvements des piétons, des cyclistes et des automobilistes sont imprévisibles. Il est beaucoup plus facile pour un système de conduite automatisé de faire circuler un camion d’un point à l’autre sur les autoroutes, car le comportement des automobilistes y est plus prévisible. En raison de la pénurie de chauffeurs de poids lourds qui sévit depuis plus de dix ans, l’industrie s’intéresse beaucoup à de tels systèmes.
Dans un avenir rapproché, les camions équipés de tels systèmes pourront assurer le transport jusqu’à des entrepôts situés tout près des grandes autoroutes, pour ensuite passer le flambeau à des conducteurs humains qui s’occuperont de la livraison finale. Dans le milieu, on parle de « factage » : au lieu de transporter les biens du fabricant au consommateur, on les transporte progressivement d’un entrepôt à l’autre. Nos experts ont élaboré une vaste série de recommandations et d’applications pratiques pour la conduite automatisée et le factage. Par exemple, les camions automatisés – commandés par ordinateur – pourraient se suivre les uns les autres de beaucoup plus près et ainsi former de longs convois qui permettraient d’économiser de l’énergie, du carburant et du temps.
Prendre les devants
L’harmonisation des normes sur l’utilisation de tout véhicule automobile est primordiale. Imaginez la confusion et le chaos qui s’ensuivraient si les panneaux d’arrêt étaient des octogones rouges au Québec, mais des triangles bleus en Ontario. L’harmonisation est si importante pour les véhicules automobiles que les pionniers profitent d’un avantage considérable : la première province ou le premier État à mettre en œuvre des règlements et des infrastructures pour la conduite automatisée pourrait devenir un modèle à suivre. Les autres administrations auront tendance à s’harmoniser. Nous pouvons élaborer des normes et des programmes pilotes personnalisés pour vous aider à devenir ce pionnier. Ceux qui tardent à agir manqueraient aussi « l’effet réseau », qui fait augmenter la valeur d’un produit, d’une entreprise ou d’un service à mesure que sa popularité augmente. En d’autres termes, les villes ou les régions qui ajoutent une réglementation et une infrastructure pour VA encouragent les investissements privés, ce qui valorise tous les investissements précédents. Les grandes entreprises de camionnage, par exemple, seraient plus susceptibles d’investir sur des territoires qui se sont montrés avant-gardistes, ce qui inciterait d’autres entreprises dont le modèle d’affaires exige un transport efficace des marchandises à emboîter le pas.
La conduite automatisée devrait jouer un rôle important pour stimuler les économies, créer des emplois et améliorer l’accès aux biens et services. Hatch possède une expertise inégalée dans le domaine des VA et s’engage à aider les législateurs fédéraux, provinciaux et locaux, les organismes de réglementation de l’assurance et les constructeurs automobiles à créer et à appliquer des normes et des politiques qui garantissent que les VA seront exploités de façon responsable et sécuritaire.
Andrew Miller
Consultant senior, Hatch, Solutions urbaines
Andrew Miller est Consultant senior en urbanisme et Responsable chez Hatch. Il compte vingt ans de carrière au sein du gouvernement provincial et municipal ainsi que dans le secteur privé. Andrew a aidé divers clients au Canada et en Australie à mettre en place des systèmes de transport urbains novateurs, durables et efficaces. Il a également été invité à parler devant des auditoires mondiaux, y compris la haute direction de General Motors et de Toyota, ainsi que le Sénat du Canada, à titre d’expert en conduite automatisée.