COVID-19 : répercussions sur l’industrie de l’aluminium et raisons d’être optimiste
Chute brutale des prix
L’industrie de l’aluminium a connu des difficultés tout au long de 2019 et affiché les prix moyens les plus bas depuis 2016. Toutefois, il y avait des raisons d’être optimiste à la fin de l’année, car les prix avaient amorcé une remontée en raison de la hausse prévue de la demande mondiale d’ici 2020. L’optimisme est demeuré jusqu’à la seconde partie de janvier 2020, lorsque les répercussions de la COVID-19 ont commencé à faire sentir dans le monde entier. Les prix de l’aluminium ont depuis chuté et le marché s’est effondré pour atteindre des creux pluriannuels. Une fois rajustés en fonction de l’inflation, les prix se situent aux niveaux observés lors de la dernière crise financière mondiale de 2008 et 2009.
D’abord la Chine... puis le reste du monde
La vague de fermetures d’usines en Chine en raison de la propagation de la COVID-19 a créé une onde de choc dans toute l’industrie. Non seulement la Chine représente la moitié de la demande mondiale, mais ce pays est aussi un important fournisseur de pièces et de matériaux pour les pays occidentaux. La nécessité de réduire les coûts fait en sorte que les chaînes d’approvisionnement, dans de nombreux secteurs, dépendent fortement de fournisseurs chinois.
Les conséquences de la restriction de la production manufacturière en Chine et de la fermeture de routes de transport ont immédiatement été ressenties à l’extérieur de la Chine. Devant la possibilité d’une rupture des stocks, les fabricants ont dû ralentir ou suspendre leur production, ou trouver de nouvelles sources d’approvisionnement de toute urgence.
Du côté de la demande, l’industrie de l’aluminium a donc été touchée bien avant la mise en place des mesures de confinement nationales. L’adoption éventuelle de ces mesures a eu des répercussions secondaires beaucoup plus importantes sur la demande en aluminium à l’extérieur de la Chine. En raison de la baisse de la demande pour leurs produits et des mesures restrictives mises en place par les gouvernements, les consommateurs d’aluminium brut, comme les laminoirs et les usines d’extrusion, ont suspendu ou ralenti leurs activités. La demande mondiale en aluminium a ainsi fortement diminué.
Les fonderies et les raffineries en difficultés
Alors que les usines en aval de la production d’aluminium et usines de produits d’aluminium de consommation finale cessent leurs activités, les usines d’aluminium, contrairement à leurs clients, continuent de tourner. Très peu de mesures de restriction de la production ont été annoncées dans les usines d’aluminium brut et les affineries d’alumine. Voici certaines des principales raisons :
- Services essentiels : dans de nombreux pays, ces installations ont été jugées « essentielles » et peuvent demeurer ouvertes à condition de respecter certaines directives. Cela dit, les entreprises ont généralement remanié leurs pratiques de travail. Elles n’ont besoin que de personnel d’exploitation et d’entretien sur place et ont repoussé les travaux d’entretien non essentiels ou certains projets afin de limiter dans la mesure du possible le nombre d’employés dans les installations. Par exemple, certaines alumineries ont suspendu la réfection des cuves d’électrolyse défaillantes.
- Pénalités : les usines d’aluminium ne peuvent pas se permettre d’arrêter la production tout d’un coup. Un arrêt de production entraîne des pénalités. Les contrats d’approvisionnement en matières premières et en énergie sont généralement assortis d’une clause d’achat ferme. Les usines doivent donc poursuivre leurs activités pour éviter d’être pénalisées.
- Perspectives à long terme : bon nombre d’affineries d’alumine et d’usines d’aluminium perdent actuellement de l’argent selon la comptabilité de caisse. Cependant, dans le passé, les producteurs ont généralement poursuivi leurs activités aussi longtemps que possible dans l’espoir que la situation se résorbe. Il peut donc être avantageux financièrement pour les alumineries de poursuivre leurs activités à court terme, même si elles perdent de l’argent pour chaque tonne produite.
Où le métal produit actuellement est-il envoyé?
Même avant que la pandémie de COVID-19 ne survienne, nous nous attendions à ce que l’offre surpasse la demande dans le marché mondial de l’aluminium. Les surplus d’aluminium sont maintenant beaucoup plus importants qu’envisagé. La poursuite de la production d’aluminium et l’effondrement de la demande entraînent inévitablement une augmentation considérable des stocks dans l’industrie. Il existe un risque réel que le marché accumule un surplus qui prendra plusieurs années à écouler. Récemment, des événements similaires ont entraîné des surplus d’aluminium :
- Chute de l’Union soviétique en 1991-1992 et une augmentation des exportations vers l’occident des producteurs russes par la suite.
- Récession mondiale de 2001.
- Crise financière mondiale de 2008 et 2009.
Chacun de ces événements a eu des répercussions négatives sur l’offre, la production et les prix. Il est évident qu’encore une fois la production devra être limitée pour restaurer l’équilibre du marché, et il est probable que les petits producteurs soient forcés de réduire leurs activités.
Des raisons d’être optimistes quant à l’avenir de l’aluminium
Bien que la discussion précédente ne soit pas nécessairement optimiste, il est important de ne pas perdre de vue les éléments positifs :
- L’effondrement des prix de l’aluminium a été alimenté par les prévisions pessimistes. Toutefois, le marché n’a pas tenu compte de la reprise prévue de la demande au cours de la deuxième moitié de l’année ni de la réduction potentielle de l’offre. Il est probable que la demande reprendra fortement avec le retour à la normale dans le monde entier. Certaines unités de production en Europe sont même déjà prêtes à une reprise des activités.
- Les prix de l’aluminium sont actuellement très bas par rapport aux normes historiques, et l’histoire suggère que les prix augmenteront rapidement une fois que la reprise sera bien lancée.
- Les perspectives de demande à moyen et à long terme demeurent positives, et de nombreux secteurs des produits d’aluminium de consommation finale connaîtront une croissance remarquable. L’utilisation de l’aluminium dans le secteur automobile en est un exemple.
- Les usines d’aluminium, tout comme le reste de la société, découvriront de nouvelles façons de travailler, grâce aux leçons apprises et aux gains d’efficacité réalisés après l’éclosion de COVID-19.
L’industrie de l’aluminium et la plupart des secteurs industriels ont été durement touchés par la pandémie de COVID-19. Les prix se sont effondrés et les stocks ont augmenté. La façon dont l’industrie gère l’offre excédentaire actuelle est susceptible de déterminer si une remontée des prix peut être maintenue.